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GéMagazine n°191 : André Chamson

Mars 2000

André Chamson aurait eu 100 ans en juin 2000. Cet anniversaire redonne à ce personnage une actualité et nous fait redécouvrir ou découvrir un auteur de la culture régionale. Ecrivain français né à Nîmes en 1900, il nous a donné une oeuvre où se mêlent la spécificité protestante et régionale, mais aussi une actualité proche des grands problèmes de son temps. Il a été conservateur du Petit Palais, puis directeur des Archives de France, et fut reçu à l'Académie française le 17 mai 1956. Grand Officier de la Légion d'honneur, il en fut aussi membre du conseil de l'ordre. Chevalier des Arts et Lettres, il fut reçu Docteur Honoris Causa de l'université Laval de Québec. Il avait reçu la Croix de Guerre 1939-1945 et la Médaille de la Résistance. Il est le père de Frédérique Chamson, plus connue sous le nom de Frédérique Hébrard.

 

Vie et carrière d'André Chamson.

André Jules Louis Chamson est monté à Paris faire l'école des Chartes; il est de la promotion du 31 janvier 1924. Son mariage fut célébré le 26 juillet 1924, avec une jeune fille, Chartiste, elle aussi. Lucie Alix Mazauric est née le 20 août 1900 à Anduze, dans le Gard. Les futurs sont tous deux orphelins de père, Jean Jules Chamson, décédé le 13 juin 1919 à Le Vigan, et Félix Mazauric, décédé lui aussi en 1919. Ce même Félix dont parle Frédérique Hébrard, dans son livre "Félix, fils de Pauline", qui fut instituteur, puis Conservateur des Musées Archéologiques et des Monuments de la ville de Nîmes. Tous deux archivistes-paléographes, André Jules Louis Chamson et Lucie Alix Mazauric  écriront olusieurs ouvrages, et seront conservateurs de différents Musées: Versailles, les Trianons, le Petit Palais, Chantilly et le Louvre. Lucie Alix Mazauric s'éteindra le 9 juin 1983, et sera rejoint peu après par André Jules Louis Chamson.

 

Languedoc-Roussillon: sa région d'origine.

Les origines géographiques des huit quartiers d'André Chamson sont localisées en Languedoc-Roussillon. Sur les cinq départements qui composent cette région, trois seulement sont inégalement représentés, et ce, sur trois arrondissements et quatre cantons: la Lozère 12,5%, département montagnard, le Gard 62,5% et l'Hérault 25%, ces deux derniers sur le littoral. A la cinquième génération apparaissent deux communes supplémentaires , celle de Gallargue - Gallargue-le-Montueux - et celle de Roquedur, toutes deux situées dans le département du Gard, la première dans le canton de Vauvert, et la seconde, dans le canton de Sumène. Des origines très concentrées, des déplacements sur de courtes distances, convergeant vers  Nîmes.

 

Ascendance cévenole.

Sept générations en ligne directe: la famille Chamson ou Chanson débute avec Claude Chamson (n°64) qui épousa Marie Florac (n°65). Suit Jean Chamson (n°32) qui s'allia par contrat passé le 8 octobre 1746 devant maître Pierre Chambonnet, notaire à Barre-des-Cévennes, dans le sud-est du département de la Lozère, avec Suzanne Philip (n°33). Leur petit-fils, Louis Chamson (n°8) eut de son épouse, Marie Maurin (n°9) quatre enfants: 1° Eugène Auguste Chamson, né le 5 août 1832 à Corbès - commune où se marient ses parents - , qui convola avec Sophie Fabre, dont postérité; 2° Adolphe Chamson, né le 14 mars 1834 à Générargues, et décédé à Anduze le 28 juillet 1839 (5 ans); 3° Jules Chamson (n°4); et 4° Marie Chamson, née le 17 février 1843 à Générargues, qui devint l'épouse de Manuel Benezet, et mourut à Congénies le 21 mai 1928.

Jules Chamson (n°4) et Adèle Girard (n°5) eurent trois garçons. Mariés à Anduze le 9 juillet 1864, leur premier-né y vit le jour le 10 septembre 1866; Fernand Chamson se maria à Anduze le 6 janvier 1894 avec Eva Puget. Le deuxième garçon est Jean Chamson (n°2), père d'André Chamson. Le petit dernier, Théodore Chamson, est né à Alès la 20 septembre 1876 et s'est allié par deux fois.

La famille Maurin est localisée au début du XIXème siècle à Saint Félix de Pallières, tout près d'Anduze. Quant aux Girard et Bassaget, ils sont cultivateurs à Marsillargues, dans l'Hérault.

 

Un mariage entre cousins germains.

Jules Aldebert (n°12) et Jeanne Magdelaine Lèques (n°13) eurent trois enfants: une petite fille qui est morte âgée d'un peu plus de cinq mois, Camille Jules Aldebert (n°6), et Augustine Aldebert (1847-1928) femme de Benjamin Carrel. Camille Jules Aldebert (n°6), né le 24 janvier 1844, il épousa le 8 mai 1868 sa cousine germaine, Sara Elisabeth Aldebert (n°7), orpheline de père et de mère. un contrat de mariage fut rédigé par maître Sarran. Camille Jules Aldebert est mort jeune, 40 ans, laissant son épouse avec trois enfants: 1° Jules Emile Aldebert, né en 1869, époux de Jeanne Marie Henriette Fabrègue; 2° Eva Rachel Magdelaine Louise Julie Aldebert, née en 1872, et femme de Moïse Paul Gounelle; et 3° Magdelaine Augustine Aldebert (n°3).

Jeanne Magdelaine Lèques (n°13) se maria avec le consentement de sa grand-mère paternelle, Françoise Soularier (n°53); ses parents, Théophile Lèques (n°26) et Jeanne Magdelaine Quatrefages (n°27), étaient tous deux décédés, respectivement en 1838 et 1833, et n'ayant atteint que l'âge de 44 ans..

Quant à Jules Aldebert (n°12) devint orphelin de mère à l'âge de 7 ans. Resté veuf, son père, Jean Aldebert (n°24) se remaria six mois plus tard. De nouveau veuf, il épousera en troisièmes noces, Marie Campredon. Il n'assistera pas au mariage de son fils Jules en août 1840, puisqu'il quitta ce monde le 17 juin de la même année.

 

Familles viganaises.

Jeanne Magdelaine Quatrefages (n°27) est née le 20 novembre 1789. Elle ne fut porté sur les fonds baptismaux le 17 décembre de la même année. Les Lèques sont d'une vieille famille viganaise. protestants, ils donnèrent à la ville de Le Vigan des consuls, des maréchaux-ferrants et des filateurs.

Dans "Histoire des protestants à Lyon", il est donné une biographie concernant un certain Pierre Léques, né au Vigan en 1736, comme fils d'autre Pierre. "Membre du Consistoire de Lyon de sa création en 1803 jusqu'en 1815", il est mort à Lyon le 28 octobre 1822; la cérémonie protestante de son mariage eut lieu à Nyon (Suisse) le 15 mars 1774 avec une payse, Catherine Marguerite Larguier, dont il eut deux filles.

Les grands-parents maternels d'André Chamson étaient cousins germains; le couple Jean Aldebert (n°24) et Justine Cadenat (n°25) apparaît donc deux fois à la cinquième génération, comme parents de Jules Aldebert (n°12) et comme parents de Jean Emile Aldebert (n°14). Ils portent aussi les numéros 28 et 29 dans cette ascendance. Six individus sur huit de la cinquième génération du côté maternel ont vu le jour à Le Vigan. Par contre, tous sont décédés dans cette commune. Justine Cadenat (n°25 et n°29) est originaire de Roquedur - arrondissement de Le Vigan, canton de Sumène - où son mariage fut célébré le 17 janvier 1811.

 

Marchand drapier à Bréau au début du XVIIème siècle.

La famille Quatrefages a été remontée jusqu'à Jehan Quatrefages (n°3456), premier du nom, époux de Jeannette de Surville. Leur fils, prénommé Jehan (n°1728) comme son père, fut marchand drapier de Bréau - actuellement Bréau-et-Salagosse, arrondissement et canton de Le Vigan, dans le Gard - . Sa descendance issue de Anne Vivarès s'est poursuivie avec François Quatrefages (n°864). Ce dernier, marchand drapier, épousa vers 1620 Marie Mazel dont il eut trois enfants. L'aîné François Quatrefages (n°432) convola le 14 mai 1653 par contrat reçu par devant maître Flory, notaire à Aumessas - arrondissement de Le Vigan, canton de Alzon, dans le Gard - avec Isabeau du Pont, jeune fille noble, fille de Jacques du Pont, sieur de la Rode. De leur dix enfants, le troisième né fut un garçon: François Quatrefages (n°216), né vers 1767, s'allia le 28 janvier 1702 à l'église d'Avèze - arrondissement et canton de Le Vigan - Marie Montagut. Le couple s'est installé au mas de la Cuzelle, dans la commune d'Avèze,  où François Quatrefages est décédé le 19 juillet 1721. Il laissait une femme enceinte qui accoucha d'une fille posthume le 20 août suivant. La descendance se continue avec un autre François Quatrefages (n°108), avant dernier né du couple Quatrefages-Montagut. Né le 17 décembre 1718 au mas de la Cuzelle, il fut baptisé le 22. C'est au Temple d'Aulas - arrondissement et canton de Le Vigan - qu'il épousa le 2 août 1747 Anne Mazel, sa parente au 4ème degré, après avoir passé un contrat devant maître Séverac, notaire au dit lieu. Cardeur, puis ménager au mas de la Cuzelle, le couple éleva trois garçons: François, Pierre et Louis. Pierre Quatrefages (n°54) est né le 29 octobre 1752 au mas familial. Faiseur de bas au Vigan, son mariage avec Jeanne Barral fut béni par le pasteur Antoine Gal-Ladevèze. La bénédiction  qui eut lieu le 2 janvier 1779, sera suivie de la naissance de sept enfants, de 1779 à 1791: 1° Pierre François Quatrefages en 1779; 2° Antoine Quatrefages en 1780; 3° François Quatrefages en 1782; 4° Louis Quatrefages en 1784; 5° Jean Louis Quatrefages en 1786; 6° Jeanne Magdelaine Quatrefages (n°27); et 7° Suzanne Quatrefages en 1791.

 

De la terre à la littérature.

La lignée paternelle nous donne un aperçu d'une progression sociale qui en trois générations passe du statut de cultivateur, à celui de commerçant - Jean Jules Chamson (n°2) devint pour un temps fabricant de pâtes alimentaires -, pour aboutir à notre cujus, chartiste, homme de lettres et membre de l'Académie française. L'ascendance paternelle, toutes branches confondues, a évolué dans un milieu de cultivateurs.

L'ascendance maternelle est plus diversifiée. Nous y rencontrons de nombreux faiseurs de bas, mais aussi des artisans, cordonniers, chapelier. Certains ont choisi le petit commerce, marchand de cuir, ou tout simplement commerçant, allant jusqu'à entreprendre une activité à caractère plus industriel, comme Jules Aldebert (n°12), brasseur.

Dans ces familles protestantes, la fécondité reste somme toute faible. Quant à l'espérance de vie, on compte treize morts - 7 décès d'hommes et 6 décès de femmes - sur les vingt-cinq répertoriées, qui ont eu lieu avant 60 ans. Si André Chamson a vécu jusqu'à l'âge de 83 ans, son père est mort âgé de 45 ans, et sa mère, de 52 ans.

 

Les protestants dans les Cévennes.

André Chamson est protestant. Le protestantisme s'est fortement manifesté dans les vallées cévenoles. Les guerres de religion y ont été très violentes. Malgré la révocation de l'Edit de Nantes, les protestants des Cévennes ont continué à pratiquer leur culte clandestinement. Et l'église protestante s'est maintenue au Désert jusqu'à l'Edit de tolérance de 1787. De nombreuses sources confirment cette présence, mais aussi ces persécutions et la résistance. Ainsi, on trouve aux archives départementales de la Lozère certains témoignages comme un cahier renfermant les baptêmes mariages sépultures concernant des protestants de la commune de Gabriac, mais aussi des abjurations, des dénombrements, des requêtes en permission d'inhumer des non catholiques et des états nominatifs des nouveaux convertis. Certains registres de Gabriac sont consultables aux archives départementales du Gard à Nîmes. C'est dans ce dépôt que l'on peut consulter pour la paroisse de Lasalle, les registres qui débutent dès 1561, et où nous relevons des déclarations de mariages faites devant le curé ou le juge-mage de Nîmes venu sur place. Le Vigan  possède aussi des registres de baptêmes et de mariages de 1752 à 1793; les abjurations se trouvent enregistrées dans les pages des registres paroissiaux. Dans "Le protestantisme en France au XIIIè sicècle", il est dit dans le chapitre consacré à "La restauration des églises" qu'à partir de 1750, à des dates différentes et avec une rigueur variable selon les provinces, les lieux et les circonstances, un effort de rebaptisation des enfants de religionnaires fut entrepris. En Languedoc, à Ganges, au Vigan et ailleurs ces rebaptisations forcées furent effectives dès 1751". Pour Marsillargues et Saint Félix de Pallières, les sources sont présentes tant aux archives départementales du Gard, que dans celles de l'Hérault.

 

Bibliographie:

"A la découverte de leurs racines" - première série - de Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC 1988.

"Félix, fils de Pauline" de Frédérique Hébrard. Flammarion 1992.

"La protestante et le catholique" de Frédérique Hébrard et de Louis Velle.

"La longue route d'André Chamson" d'Uves Dentan.

"Le protestantisme en France du XVIIIème siècle à nos jours" de Samuel Mours et de Daniel Robert. 1972.

"Histoire des protestants à Lyon - des origines à nos jours" de Roland Gennerat. Au Jet d'Ancre 1994.