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GéMagazine n°256 : Alain-Fournier

Février 2006

Henri Alban Fournier dit Alain-Fournier - Homme de lettres

On ne compte plus aujourd’hui qu’une poignée de « Poilus » survivants de la Grande Guerre. Combien de destins brisés, combien de génies en herbe coupés ? Alain-Fournier compte au nombre de ces « Morts pour la France », disparu trop tôt avant de nous avoir livrer l’œuvre d’une vie. Mort à 27 ans, il n’a eu que le temps de nous offrir « le Grand Meaulnes », l’œuvre de sa trop courte vie. Recruté en 1906, il fut libéré en 1909, puis mobilisé dès le début de la guerre en 1914. Entre 1909 et 1914, il n’eut le temps d’écrire qu’un seul roman et des poèmes réunis en un recueil posthume.

 

Alain-Fournier, lieutenant au 288ème régiment d’infanterie.

Né le 3 octobre 1886 à La Chapelle d’Angillon, dans le département du Cher, Alain-Fournier fut recruté au bureau de Cosne, actuellement Cosne-Cours-sur-Loire, dans le département de la Nièvre. De la classe 1906, il fit son service militaire au 23ème régiment de dragons à Vincennes, puis au 104ème régiment d’infanterie à la caserne de Latour-Maubourg à Paris. Nommé caporal, puis sergent, il rejoint le 124ème régiment d’infanterie à Laval. Elève officier à Laval, il fut affecté avec le grade de sous-lieutenant à Mirande, dans le Gers. Il rentre à Paris le 25 septembre 1909. Mobilisé dès la déclaration de guerre en août 1914, nommé lieutenant au 288ème régiment d’infanterie, il fut tué à l’ennemi le 26 septembre 1914 à Vaux-les Palameix, aux Eparges près de Verdun, dans la Meuse. Porté disparu, son décès fut constaté par un jugement rendu le 25 juin 1920 par le tribunal de la Seine, jugement transcrit le 2 août suivant dans les registres de décès du 14ème arrondissement de Paris, son dernier domicile. Ses restes ne furent identifiés qu’en 1991 et reposent maintenant dans le cimetière militaire français de Saint-Rémy-la-Calonne (Meuse).

 

Frère d’Isabelle Fournier (1889-1971), épouse de Jacques Rivière (1886-1925).

Alain-Fournier avait une sœur Isabelle Fournier. Cette dernière vit le jour le 16 juillet 1889 à La Chapelle d’Angillon. Elle épousa le 24 août 1909 à Paris 6ème l’ami de son frère, Jacques Rivière. Elle est décédée à Dourgne (Tarn) le 18 juin 1971. Elle resta veuve un jour de Saint-Valentin, le 14 février 1925. Romancier, essayiste, Jacques Rivière fut aussi Directeur de revue, il dirigea en effet dès 1919 la NRF (Nouvelle Revue Française).

Né le 15 juillet 1886 à Bordeaux (Gironde), Jacques Rivière était le fils de Maurice Rivière, professeur agrégé à la faculté de médecine de Bordeaux, et de Reine Fermaud. Mobilisé dès le début de la guerre en 1914, il fut fait prisonnier, emmené par les Allemands au camp de Koenigsbrück en Sax et libéré en 1918. Deux enfants sont nés de cette union : Jacqueline Rivière, moniale bénédictine, et Alain Rivière, un moment moine bénédiction puis allié à Marie Anne Jouin, dont deux filles. Alain Rivière est à l’origine de : l’Association des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier.

 

Rencontre entre Alain-Fournier et Jacques Rivière au lycée Lakanal de Sceaux.

Alain-Fournier fut d’abord élève en primaire dans la classe de son père alors instituteur à Epineuil-le-Fleuriel (Cher). Inscrit au lycée Voltaire à Paris, il poursuivit ses études de seconde au lycée de Brest (Finistère) parce qu’il voulait être marin. Au final, il obtint son Baccalauréat au lycée de Bourges (Cher) en 1903. Dès la rentrée 1903-1904, il s’était inscrit au lycée Lakanal de Sceaux afin d’y préparer le concours à l’Ecole normale supérieure. C’est au sein de cet établissement, qu’il fit la connaissance de Jacques Rivière.

Jacques Rivière avait perdu sa mère dès 1897, son père remarié l’envoya en pension au lycée Lakanal à Sceaux. A compter de cette rencontre, les deux hommes vont correspondre et devenir les meilleurs amis.

 

Les origines géographiques de l’ascendance d’Alain-Fournier sont concentrées pour les trois quarts d’entre elles dans la région Centre. Le reliquat se situe dans la région Midi-Pyrénées. A la cinquième génération apparaît le département de la Haute-Vienne, région du Limousin, avec la famille Gauchoux. Le déplacement Tarn-Cher est le résultat d’une mutation professionnelle, d’un berger devenu gendarme.

 

Les Fournier : laboureurs, commerçants, instituteurs.

Le plus lointain ancêtre localisé de la famille Fournier est Etienne Fournier (n° 64), laboureur mort à Salbris le 5 avril 1775. Il eut au moins un fils prénommé comme lui, Etienne. Etienne Fournier fils (n° 32) est né le 15 janvier 1749 à Selles-St-Denis. Laboureur comme son père, il s’est allié à Françoise Menou (n° 33), native de Nouan-le-Fuzelier où elle est née le 18 septembre 1753 de François Menou (n° 66) et de Françoise Delaune (n° 67). L’un et l’autre sont décédés à Salbris, le premier, le 27 juin 1816, la seconde, le 16 mars 1806. Ils ont eu au moins un fils qu’ils vont prénommé Sylvain, prénom qui sera transmis ensuite sur deux générations, à leurs petit-fils et arrière-petit-fils, appelés tous deux Jean Sylvain - il faut aussi rappeler que le père d’Anne Gitton (n° 17), notaire royal, portait comme premier prénom celui de Sylvain.

Jean Sylvain Fournier (n° 8) eut de son épouse Marguerite Gauthier (n° 9) au moins deux fils : autre Jean Sylvain Fournier (n° 4) et Maxime Fournier dont la descendance s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui.

Jean Sylvain Fournier (n° 4) eut de son épouse Hélène Charpentier (n° 5), lingère, six enfants dont l’une des filles épousa un certain Florent Raimbault, qui reprit la suite de son beau-père comme commerçant et un fils Augustin dit Auguste Fournier (n° 2) qui devint instituteur, épousa une institutrice, Albanie Barthe (n° 3), les parents d’Alain-Fournier.

 

Frère et sœur par alliance se marient.

Revenons à Sylvain Fournier (n° 16), il avait épousé le 22 février 1796 à Marcilly-en-Gault (Loir-et-Cher) Anne Gitton (n° 17), fille d’un notaire royal. Veuf le 28 février 1819, Sylvain Fournier (n° 16) a épousé en secondes noces le 24 juin 1824 à Selles-St-Denis Anne Seinet qui apparaît déjà dans cette ascendance puisqu’elle porte le numéro 19. En effet, Anne Seinet (n° 19) avait épousé en premières noces Pierre Gauthier (n° 18) ; ce dernier mourut le 9 mai 1823 à Selles-St-Denis (Loir-et-Cher). Elle est la mère de Marguerite Gauthier (n° 9).

Mariés en 1824, Sylvain Fournier (n° 16) et Anne Seinet (n° 19) ont élevé leurs enfants nés de leurs premières unions sous le même toit, dont Jean Sylvain Fournier (n° 8) né en 1812 et Marguerite Gauthier (n° 9) née en 1818 qui ont fini par se marier. Leur union sera célébrée le 14 juin 1836 à Salbris en présence du père de l’un, de la mère de l’autre.

 

Le prénom Montaine à Theillay, dans le Loir-et-Cher.

La famille Charpentier est connue depuis Claude Charpentier (n° 80), laboureur, allié à Marguerite Veau (n° 81).  Dont au moins un fils, Louis Charpentier (n° 40) né le 7 avril 1747 à Salbris, laboureur qui s’installa par son mariage à Theillay (Loir-et-Cher). Il a épousé le 20 février 1770 à Theillay Louise Darmé (n° 41) née le 1er mai 1753 à Theillay, fille d’un laboureur, Jean Darmé (n° 82) et de Marie Prévot (n° 83). Louis Charpentier y est décédé le 7 mars 1808, Louise Darmé, le 28 juillet 1786. Le 1er mars 1779 leur était né un fils, Sylvain Charpentier (n° 20) qui s’allia à Thiellay avec Montaine Touleron (n° 21). Veuf le 4 octobre 1836, Sylvain Charpentier épousa en secondes noces le 7 février 1797 à Orçay, une autre femme prénommée Montaine, Montaine Darmé, née le 21 mars 1771 à Thiellay de Jean Darmé et de Perpétue Bidault. Il existe dans le département du Cher, une commune portant le nom de Sainte-Montaine, arrondissement de Bourges, canton d’Aubigny-sur-Nère.

 

Soldat recruté dans le Tarn, nommé gendarme dans le Cher.

La famille Barthe est connue depuis un certain Marc Barthe (n° 48) allié avec Rose Fontaÿnes (n° 49). Leur fils, Mathieu Barthe (n° 24), cultivateur à Curvalle, y est décédé le 12 décembre 1827 à l’âge de 85 ans ; son épouse, Elisabeth Routoulp (n° 25) y était décédée quelques années auparavant, le 6 février 1799. Mathieu et Elisabeth Barthe ont prénommé leur fils, Mathieu. Mathieu Barthe fils (n° 12) et Marceline Linete (n° 13) ont donné le prénom du père à leur aîné. Ce qui donne trois générations de Mathieu Barthe. Mathieu Barthe (n° 6), le petit-fils, tout d’abord berger à la ferme familiale, s’engagea comme soldat, puis devint gendarme – c’est la profession de gendarme qui a conduit Mathieu Barthe en Berry. Au XIXème siècle, il existe au sein de la Gendarmerie une politique libérale à propos des autorisations exigées pour toute union ; en effet, le mariage renforce la sociabilité des gendarmes et fournit parfois une aide financière non négligeable grâce aux dots.

C’est ainsi que Mathieu Barthe (n° 6), gendarme, fut autorisé à se marier avec Adeline Blondeau (n° 7), fille d’un cultivateur exerçant aussi la fonction de cantonnier en chef à Sury-ès-Bois (Cher). Les deux futurs étaient veufs.  Mathieu Barthe était veuf en premières noces de Emilie Boulot. Leur union avait eu lieu le 6 novembre 1850 à Dun-sur-Auron (Cher). Emilie Boulot est décédée le 18 octobre 1861 à La Chapelle d’Angillon après lui avoir donné deux enfants. Adeline Blondeau (n° 7) avait épousé en premières noces le 18 octobre 1859 à Sury-ès-Bois Auguste Pinon ; il était son cousin germain, né le 6 août 1841 à Sury-ès-Bois de Louis Pinon et de Solange Blondeau. Auguste Pinon est décédé le 9 mars 1861 à Sury-ès-Bois.

 

Les Pujol de La Tapie devenus avec la Révolution Pujol.

Sophie Charlotte Marceline dite Marceline Linete (n° 13) est nommée dans l’acte de mariage de son fils en 1850 et dans l’acte de décès de son époux en 1851, Marceline Linete. Lors de la seconde union de son fils en 1862, elle est nommée Linette Marcel. Lors de la rédaction de son acte de naissance, elle est dite « fille de père inconnu et de Jeanne Adélaïde Françoise Pujol ». Jeanne Adélaïde Françoise Pujol (n° 27) est née au hameau de La Tapie, commune d’Alban, le 18 septembre 1773 de Jean Pierre Pujol (n° 54) et de Elisabeth Carté (n° 55).

Quelques années après la naissance de sa fille, le 25 mai 1802 plus précisément, elle épousa à Alban Joseph Fontanilles. Dans l’acte de mariage, le père de la future signe « Pujol de La Tapie », nom d’une famille établie à Alban depuis le XVIème siècle dont un membre, Pierre de Pujol, dit sieur de La Tapie, épousa le 28 septembre 1767 Marie Rose de Méjanès.

 

L’ascendance d’Alain-Fournier compte essentiellement des cultivateurs, journaliers ou propriétaires, dont les descendants à la troisième génération sont artisan, commerçant et gendarme. Les parents d’Alain-Fournier étaient instituteurs. Toutefois, l’on dénombre à la sixième génération, un notaire royal, Sylvain Jean Baptiste Gitton (n° 34), et un représentant d’une famille vivant noblement, Jean Pierre Pujol de La Tapie (n° 54).

 

Bibliographie :

« Armorial du Pays d’Oc – Généalogie Méjanès ».

«  A la découverte de leurs racines » - Première série – Joseph Valynseele et Denis Grando. ICC. 1988.

« Who’s Who in France – XXe siècle – 1900-2000 » Editions Jacques Lafitte – Paris.