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GéMagazine n°174 : Bernadette Soubirous

Septembre 1998

"L'enfant chérie de la Sainte Vierge"

Bernarde Marie dite Bernadette Soubirous, fut béatifiée en 1925 et canonisée le 8 décembre 1933 par Pie XI. Après dix-huit apparitions de la Sainte Vierge à la grotte Massabielle de Lourdes en 1858, c'est à Saint-Gildard dans le Nivernais, la maison mère des Soeurs de la Charité, qu'arriva le 7 juillet 1865 Bernadette pour suivre son noviciat. Elle était accompagnée de deux autres postulantes, Léontine Mouret et Marie, native de Bagnères. Admise au noviciat le 20 juillet suivant, Bernadette revêtit l'habit de son nouvel état le 29 juillet et prit le nom de Soeur Marie-Bernard. C'est le 30 octobre 1867 que son engagement devint définitif. Soeur Marie-Bernard  est morte le mercredi de Pâques, 16 avril 1879 à trois heures.

 

La grotte de Massabielle.

La grotte de Massabielle est le passage obligé des visiteurs de Lourdes. C'est en ce lieu qu'est apparue dix-huit fois la Sainte Vierge de février à juillet 1858. Un jour de février 1858, Bernarde Marie Soubirous, dite Bernadette, jeune fille âgée de quatorze ans, passe devant les Roches de Massabielle. Partie chercher du bois mort avec sa soeur, dite Toinette, et une amie, Bernadette a sa première apparition «une jeune fille, belle comme elle n'en a vue, en robe blanche et ceinture bleue, un voile sur la tête, une rose d'or sur chaque pied». Bernadette souffre de crises d'asthme et n'a jamais été à l'école - elle apprendra à lire et à écrire en 1861-1862 - . L'élite locale tente d'étouffer l'affiare. L'Eglise est méfiante et enquête; elle devra prendre seule la responsabilité de sa décision. Dès avril 1862, Monseigneur Laurence déclare officiellement que «l'Immaculée Marie, mère de Dieu, est réellement apparue à Bernadette Soubirous». Bernadette sera prise alors en charge à sa propre demande par les Soeurs de la Charité de Nevers.

 

Bernadette, l'aînée de la famille Soubirous.

François Soubirous est employé au moulin Dozous. Ses parents, Joseph Soubirous (n°4) et Marie Dassis (n°5) sont issus du milieu de la meunerie et de la boulange. Le 21 octobre 1842, Marie Dassis (n°5) meurt à l'âge de soixante sept ans; elle avait mis au monde huit enfants.

François Soubirous et Louise Castérot, dite Maÿ, les parents de Bernadette, se sont mariés civilement à Lourdes le 19 novembre 1842; les époux étaient accompagnés de Marcel Peyrac, Mathurin Pomès, Jean Segot et Jean Castérot, ce dernier sergent de ville à Lourdes. Le mariage religieux fut reporté au 9 janvier 1843 suite au décès de la mère du futur, Marie Dassis (n°5). Un an après la célébration religieuse naît leur premier enfant: Bernarde Marie Soubirous. Celle-ci sera baptisée le 9 janvier de l'année suivante, soit en 1844, sous les prénoms de Marie Bernarde; son parrain fut Jean Marie Védère, cousin de l'enfant et fils de Thècle Soubirous, l'une des soeur de François Soubirous (n°2), la marraine,  n'est autre que la soeur aînée de Louise Castérot (n°3), Bernarde Castérot, la tante maternelle de l'enfant.

Bernardette fut placée en nourrice chez Marie Lagües, une demoiselle Aravant, qui demeurait au hameau de Bartrès. Confiée dès le mois de juin pour cinq francs le mois, payable en monnaie ou en blé, la fillette y restera jusqu'au premier avril 1846; elle est alors âgée de vingt huit mois.

 

François et Louise Soubirous, les parents de Bernadette.

Louise Soubirous, née Castérot (n°5), va mettre au monde plusieurs autres enfants: 1° un garçon, prénommé Jean Soubirous, né le 13 février 1845 et qui s'est éteint le 10 avril suivant; 2° Antoinette dite Toinette Soubirous née le 17 septembre 1846; elle épousa Joseph Sabathe et meurt le 13 octobre 1892; elle viendra visiter Bernadettte le 18 janvier 1879 à Nevers; 3° Jean Marie Soubirous né le 10 décembre 1848, et décédé le 4 janvier 1851; 4° autre Jean Marie Soubirous né le 13 mai 1851; il épousa en premières noces le 8 février 1877 Madeleine Escali et en secondes noces le 19 décembre 1895 avec Maria Gardon; il est mort le 27 février 1919; ce dernier ira à Saint-Gildard, le 18 décembre 1878 afin de revoir sa soeur;  5° Justin Soubirous né le 28 février 1855, mort en janvier 1865; 6° Bernard-Pierre Soubirous né le 10 septembre 1859 et mort le 2 février 1931; il a épousé Jeanne Marie Lacrampe; 7° Jean Soubirous né le 4 février 1864 et mort le 11 septembre 1864 à six mois; et 8° Une petite fille née et décédée en janvier 1866. Louise Castérot (n°5) décéde à un peu plus de quarante-un ans après des grossesses successives, une vie de misère et de sacrifices.

François Soubirous (n°4) avait perdu un oeil accidentellement en 1849 et ne pouvait plus travailler. En 1854, la famille Soubirous s'installe en ville, à la maison Laborde. Le 22 octobre 1855, s'éteint Claire Castérot, née Lavit (n°7). Avec l'argent laissé par sa belle-mère, François Soubirous loue le moulin de Sarrabeyrouse, mais dès 1856, après une mauvaise gestion, toute la famille retourne à Lourdes, à la maison Rives. En janvier de l'année 1857, la famille doit quitter de nouveau leur demeure. Un inventaire fut alors dressé: "trois lits, une table, deux chaises, des petits escabeaux en bois, une petite armoire, une armoire à pain, une petite malle avec linge, et douze assiettes rouges", entre autres. La famille prend alors logis chez un cousin, André Sajoux, dans une pièce humide, dit aussi cachot, rue des Petits Fossés, dans l'ancienne prison de Lourdes.

 

Les oncles et tantes paternels de Bernadette.

Les grands-parents paternels de Bernadette, Joseph Soubirous (n°4) et Marie Dassis (n°5) ont eu huit enfants: 1° Thècle Soubirous née le 30 avril 1803, décédée le 11 février 1882 à Momères; elle épousa Michel Vedère; leur fils Jean-Marie sera le parrain de Bernadette; 2° Jeanne Marie Soubirous née le 24 avril 1804, qui se maria avec Dominique Castérot; 3° Jean Soubirous né le 5 septembre 1805, qui épousa en premières noces, Jeanne Marie Baylou-Bordes, et en secondes noces, Anne Mengelle; 4° François Soubirous, le père de Bernadette; 5° Rémi Soubirous né le 17 décembre 1808, décédé le 15 juillet 1809; 6° Julie Soubirous née le 17 juin 1810, décédée le 2 décembre 1811; 7° Pierre Soubirous né le 2 mai 1812 et décédé célibataire le 18 décembre 1840; et 8° Jeanne Marie Soubirous née le 23 décembre 1814.

 

Les Castérot: meunier du moulin Boly à Lourdes.

Les Castérot sont "meuniers de père en fils, depuis cent cinquante ans et propriétaires du moulin Boly"; en fait, le couple Castérot paie une obligation annuelle de cent trente francs comme loyer du moulin Boly. Augustin dit Justin Castérot (n°6) et Claire Lavit ou Labit (n°7) ont eu sept enfants: 1° Bernarde Castérot, l'aînée, née le 10 octobre 1823 et décédée le 31 janvier 1849; 2° Louise Castérot, la mère de Bernadette; 3° Basile Castérot, née le 21 mai 1828 et décédée le 22 juin 1913; elle épousa le 6 mai 1857 Pierre Pène; 4° Jean Marie Castérot né le 23 octobre 1830 décédé le 13 juillet 1878; il épousa le 7 février 1852 Jeanne Justine Soubirous; 5° Julien Castérot né le 16 février 1833, décédé le 7 septembre 1835; 6° Bernarde Françoise Castérot, née le 2 décembre 1835, décédée le 4 février 1838; et 7° Lucile Castérot, née le 5 mai 1839, décédée le 16 mars 1871; elle épousa le 12 janvier 1859 Dominique Vignes. Augustin dit Justin Castérot (n°6) est décédé le 1er juillet 1841 lorsque "sa charrette a versé sur la route de Pouyferré et qu'il est resté coincé dessous". Claire Lavit (n°5) a encore entre autres deux fillettes en bas-âge Lucile et Basile Castérot. L'aînée, Bernarde Castérot, est en âge de se marier. La cadette, Louise Castérot, a tout juste seize ans. Bernarde Castérot, promise à François Soubirous qui lui préférera sa cadette, Louise, épousera le 31 janvier 1847 Jean Marie Tarbès, aubergiste; puis devenue veuve, elle se remaria avec Jean Marie Nicolau. Quant à Basile Castérot elle eut un enfant de Pierre Pène.

 

Lourdes, berceau des Soubirous.

Jean Soubirous (n°16), brassier de son état, est décédé le 25 avril 1775 à Lourdes; il avait soixante-onze ans. Veuf de Marie Lahore, il fut enterré le lendemain en présence de Jean Courtade et de Jean Ducomte. Ce sont les mêmes personnes qui avaient accompagné son épouse, Marie Lahore (n°17), morte à cinquante-trois ans, le 31 octobre 1764. Cette dernière avait été baptisée dans l'église de Lourdes le 4 septembre 1708, alors qu'elle était née de la veille. Son prénom lui a été donné par sa marraine, Marie de Balette.

C'est le 3 juillet 1765 que fut donnée à Lourdes la bénédiction nuptiale à Bernard Soubirous (n°8) et à Marie Abbaddie ou Abadie (n°9). Les époux sont tous deux mineurs. Bernard Soubirous (n°8) est brassier comme son père, Jean Soubirous (n°16); la profession de brassier qualifie celui qui travaille de ses bras ou le manouvrier. Le père de l'épouse, Pierre Abbaddie (n°18) est alors bordier - ou métayer - chez Monsieur Dambarrère. Les futurs sont accompagnés de Pierre Domec, Michel et Jean Courtade.

 

D'Uglas, près de Lannemezan, à Tarbes.

Alexis Dassis ou Dassy (n°10), baptisé à Uglas le 7 décembre 1744, a eu pour parrain, François Ibos, et pour marraine, Guillemine Dassy. Ses parents, Pierre Dassy (n°20) et Marie Ibos (n°21) s'y étaient mariés le 30 janvier 1742 en présence de François et Jean Dassy, Dominique St-Martin et Bernard Nongerez.

Lorsqu'Alexis Dassy (n°10), boulanger, épouse le 25 juin 1771 à Tarbes, ses parents sont alors qualifiés de laboureurs à Tarbes. Leur venue à Tarbes est antérieure à cette alliance. La mariée, Thècle Doleac (n°11) est née sur la paroisse Saint-Jean de Tarbes, mais elle demeure à l'époque du son union dans le quartier de la Cathédrale. Les quatre témoins, François Dassis, frère du futur, Jean Galtié, Jacques Heruelle et Dominique Faban, signent à l'exception des mariés.

 

Laboureur puis meunier.

Laurens Vignes, Jean Mora, Laurens Casassus et Antoine Abadie attestent du mariage de Jean Castérot (n°24) et Domengea Lacrampe (n°25) réglé le 25 janvier 1750 à Lourdes. Le 22 février 1753, autre Jean Castérot (n°12), un fils, est baptisé et a pour parrain, Jean Lacrampe, et pour marraine, Simone Sivre. Celui-ci, meunier au moulin Boly, s'y s'éteindra le 30 décembre 1819, tout comme son fils (n°6) le 1er juillet 1841. A son mariage, en 1786, et à la naissance d'Augustin Castérot (n°6) en 1800, Jean Castérot (n°12) est qualifié de laboureur.

Augustin dit Justin Castérot (n°6) est mineur et qualifié de meunier lorsqu'il épouse une servante, fille d'un tailleur de pierre, Claire Lavit ou Labit (n°7). Cette dernière est un peu plus âgée et orpheline de père et de mère. Les époux sont assistés de Cyprien Normande, propriétaire, de Jean Pierre Nicoulau, officier à demi solde, de Jean Pierre Carber, praticien, et de Jean Pierre Espiasse, sergent de ville. Il faut noter que le décès de Claire Lavit (n°7) eut lieu au moulin de Laborde-Loussé au Lapaca à Lourdes; âgée de cinquante-sept ans, elle est alors qualifiée de meunière. L'acte de décès fut rédigé en présence de Jean Courtade, charpentier, et Honoré Bandeau, préposé de l'octroi.

 

Famille Arqué ou d'Arqué.

Paul Arqué ou d'Arqué (n°52) prend femme le 10 février 1738 à Lourdes: Catherine de Bave d'Estrade. Un fils prénommé Dominique (n°26) voit le jour le 24 décembre 1739; ses parrain et marraine sont Dominique et Marguerite Abadie.

Le 12 février 1726 au même lieu était célébré le mariage de Joseph Samaran (n°54) et de Marie Laborie (n°55). L'année suivante, le 17 mars 1727, naît une fille dont les parrain et marraine, Jean et Catherine Samaran, lui donneront le prénom de Catherine. Après une première union avec Dominique Propy dont elle sera veuve à trente ans, elle épouse en secondes noces le 27 janvier 1759 Dominique Arqué. Son père, Joseph Samaran (n°54) est alors décédé. Les époux sont assistés de Jean et Michel Courtade, et de Jean Ducomte. Catherine Samaran (n°27) s'éteindra le 30 décembre 1785 à l'âge de cinquante-huit ans.

 

De Coarraze, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Pierre Lavit ou Labit (n°14) a épousé une fille native de Coarraze. Pierre Lavit (n°14) est tailleur de pierre; il vit avec son père, Joseph Lavit (n°28), resté veuf. Ce dernier est décédé à soixante-dix-neuf ans rue Bayle à son domicile à Lourdes en l'an huit de la République française; sa sépulture fut suivie le lendemain de son décès par son fils, qui signe alors Lavit, Cyprien Normande et Jean Gailhac. Domengea Darré (n°29), morte prématurément le 21 juillet 1735, était née à Lourdes le 5 août 1730. Elle eut pour parrain, Jean Daveret, et pour marraine, Domengea Baze.

Jeanne Péré (n°15) demeure avec ses parents à Coarraze; elle ne sait pas signer, son père, lui signe comme les quatre témoins qui les accompagnent en ce jour de noces, François Verdier, Jean Latapie Touluma, Joseph Claverie et Pierre Fourcade Debat. Jeanne Semmarty ou St-Martin (n°31) est accompagnée de ses parents lorqu'elle épouse un garçon de Barlest (canton de Saint-Pé-de-Bigorre), Bernard Péré (n°30) le 23 novembre 1748 à Coarraze. Le futur est accompagné de son frère, autre Bernard Péré.

 

D'un milieu humble.

Treize décès ont eu lieu avant soixante ans: cinq hommes et huit femmes. Les âges au décès ont chuter, passant de près de soixante dix ans à la cinquième génération, à trente-cinq ans, à la première génération. Les conditions de vie semblent s'être détériorées du XVIIIème au XIXème siècles.

Bernadette est issue d'un milieu humble. Les métiers s'organisent essentiellement autour de l'agriculture, de la meunerie et de la boulange. A noter, François Doléac (n°22) qui est dit teinturier à Tarbes. Toutes les familles étudiées sont installées dans les Hautes-Pyrénées, en premier lieu Lourdes, puis Tarbes, Momères, Uglas et Barlest, à l'exception de la famille Semmarty qui est localisée à Coarraze dans les Pyrénées-Atlantiques. Les patronymes viennent du patois pyrénéen: Soubirous qui désigne la maison située au-dessus du village, Castérot, du château, Lavit, de vignes, et Abbaddie, de l'abbaye.

Les descendants de la famille Soubirous restés à Lourdes sont voués au culte de Bernadette. Sur toutes les «apparitions» de la Vierge répertoriées au XIXème siècle, Lourdes est celle qui a eu le plus de retentissement.

 

Sources:

Complément de recherches effectué par Danièle CHOPIN. Remerciements.

 

Bibliographie:

"Bernadette Soubirous" d'Anne Bernet. Pocket 1995 n° 4346.

"Généalogie de Bernadette Soubirous" par Raymond Souverain. Article paru dans "Bulletin du Cercle Généalogique et Historique Nivernais-Morvan". N°40 - année 1990. Siège social: O.M.T. 31 rue du Rempart 58000 Nevers.

"Lourdes. Dossier des documents authentiques". par l'abbé R. Laurentin. Editions Lethielleux. 1957.

"Les écrits de sainte Bernadette et sa voie spirituelle" par André Ravier. Editions Lethielleux 1981.

" Généalogie de Bernadette" de A. Larrouy.

"Les origines de Sainte Bernadette". Annales de Notre Dame de Lourdes n°1 par le chanoine J.M. Cassagnard. 1944.

"Quelques membres de la famille Soubirous" par Pierre de Beauchamp.

"Saints et Saintes de France". Hatier 1988.