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GéMagazine n°171 : Jean Borotra

Mai 1998

« Le Basque bondissant »

Jean Borotra est le brillant joueur de tennis qui, entre les deux guerres, représenta victorieusement la France dans les grandes compétitions internationales. Son jeu acrobatique lui valut le surnom de «Basque bondissant».

Nous avons déjà présenté l'ascendance d'Henri Cochet[1], l'un des "Quatre Mousquetaires". Jean Borotra, qui fut l'un de ces "Mousquetaires" a fréquenté l'école primaire d'Arbonne, puis le lycée de Bayonne. A Paris, il s'inscrit aux lycées Saint-Louis et Michelet. Licencié en droit de la faculté de droit de Paris, il est aussi un ancien élève de l'Ecole polytechnique. Il commence sa carrière en 1922 comme ingénieur, devient directeur commercial en 1924, administrateur de sociétés de 1933 à 1976, mais aussi conseil de la Satam à partir de 1969.

 

Les origines et les déplacements.

Les origines géographiques de la branche paternelle sont concentrées dans le département des Pyrénées-Atlantiques, plus précisément à Arbonne, canton d'Ustaritz, sur l'arrondissement de Bayonne. De sa grand-mère paternelle, on ne sait que son nom et son prénom, Engracia Manuell (n°5); elle est peut-être d'origine mexicaine puisque Henri Borotra, père de notre cujus, est lui-même né au Mexique le 9 juin 1864.

Nous avons une autre inconnue, la grand-mère maternelle, Marie Gracieuse Dubosq (n°7), qui épouse Laurent Augustin Revet (n°6), originaire de Seine-Maritime, plus précisément de Fultot, canton de Doudeville, arrondissement de Rouen.

Les déplacements de la famille paternelle peuvent être suivis avec plus de précision en tenant compte de l'indication des "maisons": Lissarrague, Uhartenia, Tribouillenea, Harrieta, ...etc. L'établissement de la famille Revet à Biarritz date de la seconde moitié du XIXème siècle, déplacement du Nord vers le Sud qui s'achève par la naissance de Laurence Suzanne Julienne Marguerite Revet (n°3) en 1868 à Biarritz. Bien que ses parents se soient mariés à Paris en 1897, Jean Borotra a vu le jour à Biarritz l'année suivante "Villa Beau Séjour" où le couple s'était installé.

 

Presque centenaire.

C'est le 16 août 1898 à Biarritz qu'est né Jean Borotra. Son père, Henri Borotra (n°2) est alors âgé de trente quatre ans; sa mère, Laurence Suzanne Julienne Marguerite Revet (n°3) a tout juste trente ans. La famille Borotra est domiciliée Villa Beau Séjour à Biarritz. Henri Borotra (n°2), homme de Lettres, est accompagné pour déclarer la naissance de Camille Hautier, mécanicien, et de Bernard d'Arcangues, rentier. On attribua à l'enfant trois prénoms: Jean Laurent Robert. Le 17 juillet 1994, Jean Borotra s'éteint au Domaine de Pouy à Arbonne; il se préparait à fêter son quatre-vingt-seizième anniversaire. En août prochain, ce sera le centième anniversaire de sa naissance.

 

Un mariage parisien.

Ses parents s'étaient mariés le 6 juillet 1897 sur le seizième arrondissement de Paris. Henri Borotra (n°2), né à Zacatecas au Mexique le 9 juin 1864, est alors qualifié de rentier. Domicilié boulevard Suchet n°71 à Paris depuis peu, il demeurait auparavant à Arbonne. Il est le fils d'un propriétaire d'Arbonne, Jean Borotra (n°4), qui consent au mariage de son fils par un acte reçu le 25 mai 1898 par maître Blaise, notaire à Biarritz. Quant à sa mère, Engracia Manuell (n°3), semble-t-il d'origine mexicaine, elle est décédée, et le futur et les témoins confirment sa mort, mais ils sont tous dans l'incapacité de produire l'acte de décès. Laurence Suzanne Julienne Marguerite Revet (n°3) est originaire de Biarritz; elle y demeure avec sa mère, Marie Gracieuse Dubosq (n°7), qui a consenti au mariage par un acte passé aussi chez le notaire Blaise à la même date. Le mariage fut précédé d'un contrat passé chez maître Rivière, notaire à Paris. Les mariés sont assistés de Henry Dieulot, rédacteur du Journal de l'Oise, domicilié à Beauvais (Oise), Georges Royère, un avocat parisien, de Georges Dubosq, âgé de vingt-cinq ans, maréchal des logis chef au 20è escadron du Train, domicilié à Versailles (Yvelines), cousin de l'épouse, et Paul Vasse, rentier demeurant à Paris.

 

La transmission du patronyme au Pays Basque.

Au Pays Basque, le droit d'ainesse est appliqué aux femmes. Il est fréquent de trouver le nom du père à la naissance de l'enfant; celui de la mère si celle-ci est héritière, au mariage; et celui de la maison de l'époux, si cette dernière est héritière, au décès.

En raison d'us et coutumes remontant au Moyen-Âge, les futurs époux peuvent porter le nom de leur père, mais aussi celui de leur mère héritière de la maison, ou celui de la maison qu'ils ont acheté ou dont ils ont hérité. Cet usage se perpétue parfois tout au long du XIXème siècle, malgré l'adoption du code civil du 21 mars 1804. Le contrat de mariage est de règle.

C'est ainsi que nous trouvons dans l'acte de mariage de Pierre Borotra (n°8) et de Marie Borotra (n°9) célébré le 7 novembre 1831 à Arbonne les mentions suivantes: "Jean Borotra fils de Jean Borotra et de Catherine Lissarrague, maître et maîtresse de la maison de Lissarrague, veuf depuis le 10 février 1829 de Marie Bénesse fille de la maison de Maytiaenea, et Marie Borotra fille de feux Jean Borotra et de Etiennette Sorhouet, de la maison de Tribouillenea". A la naissance de leur fils en 1834, le père, Pierre Borotra (n°8) est dit "sieur de Maytiaenea".

Etiennette dite Stephana Sorhouet (n°19), fille de la maison "Gracenea" par son mariage avec Jean Borotra (n°18) célébré à Arbonne en 1777, qui fut suivi d'un contrat de mariage passé le 12 septembre 1779, devint propriétaire des maisons de "Gracienea", d'"Estebenicorenia", et en 1789, de celle de "Tribouillenea".

Quant à la première épouse de Pierre Borotra (n°16), Marie Bénesse, qu'il épousa à Arbonne le 6 février 1828, elle est la fille de la maison de Maytiaenea, héritière de Jean Bénesse, né vers 1760 et décédé le 23 octobre 1832, et de Marie Lafargue, née vers 1767 et décédée le 27 mars 1829.

 

Arnaud Borotra, maître de Lissarrague en 1732.

L'ancêtre le plus lointain cité en ligne directe est Arnaud Borotra (n°64), maître de Lissarrague à Ahetze. Marié avec Marie Moleres (n°65), elle lui a donné au moins un fils prénommé Pierre. Né vers 1732, Pierre Borotra (n°32) est mort à Ahetze le 7 décembre 1793; il était qualifié alors de sieur de Lissarrague et cultivateur. Son épouse portait les mêmes nom et prénom que sa propre mère, Marie Moleres (n°33). Cette dernière lui survécut quelques années, puisqu'elle s'est éteinte le 19 juillet 1802 à l'âge de cinquante six ans. Leur fils, Jean Borotra (n°16) a épousé Catherine dite Gratianne Lissarrague (n°17) native d'Ahetze. Fille de Jean Lissarrague (n°34) sieur d'Harrieta et de Pierressenea vivant en 1740, et de Jeanne Duhalde (n°35), dont les parents étaient maîtres de Legarrea.

 

d'Arbonne à Ahetze.

Jean Borotra (n°18) est dit "sieur de Tribouillenea" à Arbonne. Sa mère, Madeleine Marithurry (n°37) épouse de Laurent Borotra (n°36) a vu le jour dans les années 1707. A son décès survenu le 2 janvier 1791 à Ahetze, elle est héritière de la maison d'Olhain. Fille de Petri Marithurry (n°74) et de Marie Darmendrail (n°75), elle est la petite-fille du côte maternel de Laurent Darmendrail (n°150) et de Madeleine de Hayet (n°151).

La famille Sorhouet est installée à Arbonne avec Jean (de) Sorhouet (n°76) et Estebeny Daguerre (n°77), son épouse. Martin Sorhouet (n°38), maître d'Estebenicorenia à Arbonne, a épousé vers 1750 Marie d'Etcheverry, dame de Gracienea, et fille d'Arnaud.

Ainsi Jean Borotra (n°18), dont la famille est implantée à Arbonne, a épousé une fille d'Ahetze, Etiennette dite Stephana Sorhouet (n°19).

 

La mobilité sociale.

Jean Borotra, ingénieur, était le fils d'un Homme de Lettres, qui fut aussi qualifié de rentier. Il est issu du côté paternel de familles de propriétaires - des cultivateurs et des laboureurs. Son grand-père maternel, Laurent Augustin Revet (n°6), décédé à peine âgé de 30 ans, était entrepreneur de travaux publics; ce dernier était d'un milieu artisanal, fabricant ou cordonnier. Jean Borotra (n°4), grand-père paternel, occupa les fonctions de maire de la commune d'Arbonne; il fut fait chevalier de l'Ordre du Mérite agricole.

Jean Borotra était commandeur de la Légion d'honneur, commandeur du Mérite sportif, et avait reçu la Croix de guerre 14-18 et 39-45, arrêté par la Gestapo et déporté en 1942-1945, on lui accorda la Médaille des évadés et la Médaille des déportés-résistants. Une vie bien remplie, illustrant tout comme son jeu, l'image du "basque bondissant".

 

Sources:

Série Etat-civil des communes de Fultot et Benesville - Archives départementales de Seine-Maritime à Rouen.

Série Etat-civil/Registres paroissiaux des communes de Biarritz, Arbonne, Ahetze - Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques à Pau - Archives municipales de Biarritz.

"Arbonne-Arbona" sous la direction de H. Lamant-Duhart. Mattin Carrère. Michel Duvert. Jean Pierre Espilondo. Joseba Iribar. Alfred Lassus. Ch. Martin Ochoa de Alda. Thierry Truffaut. ed. Ekaina.

 

Remerciements:

Monsieur Michel Thobie - généalogiste - 14 rue du Pilori 64100 Bayonne. [les recherches dans le département des Pyrénées-Atlantiques ont été réalisées par Michel Thobie].

Monsieur Guillaume Level pour son aide aux archives départementales de Seine-Maritime à Rouen.

Monsieur Alfred Lassus.

 

[1] Généalogie-Magazine Numéro 160. Mai 1997.