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GéMagazine n°156 : Albert Camus

Janvier 1997

Un des plus jeunes prix Nobel de Littérature.

C'est le 10 décembre 1957 qu'Albert Camus fut consacré grand écrivain mondial en présence du roi Gustave VI de Suède et de la famille royale. Trois ans plus tard, il se tue dans un accident de voiture.

Tous les ascendants de la quatrième génération (huit individus) ont émigré en Algérie de France pour la branche paternelle, et d'Espagne, plus précisément de l'Ile Minorque, pour la branche maternelle. Les origines françaises de la cinquième génération sont réparties sur cinq régions: l'Aquitaine, la Provence-Alpes-Côte d'Azur, le Centre, la région Rhône-Alpes et la Lorraine. A la sixième génération, l'Aquitaine n'apparaît que comme lieu de passage, la famille Camus était implantée en Brie.

 

Les Camus: de la Brie à l'Algérie.

La famille Camus a été présentée et étudiée dans le bulletin de Provence Généalogie jusqu'à un certain François Camus (n°136; septième génération), inhumé le 20 septembre 1720 à Saint-Denis, paroisse de Coulommiers en Seine-et-Marne. De son mariage avec Marie Huve, il eut au moins un fils prénommé Claude François (n°68), née vers 1713. Boulanger de son état, Claude François Camus a épousé le 5 février 1742 à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) Marie Anne Guillot, fille de Jean Guillot (n°138), vigneron puis marchand d'arbres à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et de Marie-Anne Halle, et petite-fille du côté maternel de Etienne Halle (n°278), greffier à Villeneuve-le-Roi. Germain Camus (n°34), leur fils, garçon cuisinier puis traiteur, s'est allié à Saint-Maixent, paroisse de Bordeaux (Gironde) le 26 janvier 1785 avec Marie Garcin; l'année suivante leur naît une fille, Thérèse (n°17), décédée célibataire le 4 décembre 1834 à Bordeaux. Cette dernière a donné le jour à un garçon, Claude Camus (n°8), né en 1809 à Bordeaux, marié à Marseille (Bouches-du-Rhône) avec Thérèse Marie Beleoud, et décédé à Ouled-Fayet en 1865. Leur fils Baptiste Jules Marius Camus (n°4) est qualifié à son mariage en 1873 de cultivateur à Ouled Fayet - le mariage fut célébré dans le "blockaus servant de mairie à Ouled Fayet" - et procède suite à un acte respectueux signifié à sa mère par le ministère de maître Hippolyte Hanin, notaire à Alger.  Son épouse Marie Hortense Cormery (n°5) est domiciliée avec sa mère. les futurs sont accompagnés de Pierre Baudier, propriétaire âgé de 47 ans, beau-frère de l'époux, et de trois amis. Pierre Baudier, originaire de Chissey (Jura) avait épousé à Ouled Fayet le 12 octobre 1861 Rose Claire Camus, née à Marseille le 19 novembre 1839. L'installation de la famille Camus en Algérie date du milieu du XIXème siècle, entre 1842 et 1861.

 

Soldat musicien au 12ème de ligne.

Le père de Marie Hortense Cormery, Mathieu Just Cormery (n°10), est né le 3 décembre 1826 à Silhac (Ardèche). Fils naturel d'Elisabeth Dumont (n°21) du lieu de la Valette, il fut enregistré sous le patronyme Dumont. Au recensement de 1841, Mathieu Just Dumont figure chez un oncle, Jean Antoine Moulin, et une tante, Jeanne Dumont. Jean Antoine Moulin et Jeanne Dumont ont alors une fille, Henriette Moulin, élèvent un enfant trouvé, Euphrosine Gonnet, et logent avec Jeanne Crouzet, alors veuve de Simon Dumont, la belle-mère. Au recensement de 1846, le couple a deux filles, Henriette et Victoire. En 1846 Just Mathieu Cormery (n°10) a vingt ans. Les listes de tirage au sort du canton de Vernoux donnent les renseignements suivants: Just Mathieu Cormery est dit fils de Justin Cormery et de Isabeau, au lieu de Elisabeth - à sa naissance elle est prénomée Isabeau -, Dumon (sans t), demeurant à la Voulte (Ariège) et musicien au 12ème de ligne, puis libéré par son numéro. Les parents sont alors dits domiciliés à Alger.

Simon Dumont (n°42) était âgé de 52 ans en 1797; son épouse, Jeanne Crouzet (n°43) n'avait que 24 ans. Lorsqu'elle décède le 15 mai 1842 à Silhac, elle est âgée de 70 ans. Une déclaration de succession fut rédigée le 26 mai 1843 au bureau de Vernoux. Les héritiers mentionnés sont: Marguerite Dumont femme de Jacques Rioufol; Marie [Anne] Dumont épouse Jean Pierre Chaudier; Elisabeth Dumont épouse Carmille (au lieu de Cormery); et Jeanne Dumont épouse Moulin. Ils sont tous dits cultivateurs à Silhac. Elisabeth Dumont (n°21) est représentée par un de ses beaux-frères car elle est dite "fille en condition à Lyon". Le décès d'Elisabeth Dumont est enregistré dans les tables de successions et absences du bureau de Vernoux à la date du 11 septembre 1862, mort survenue à El Biar; elle est dite alors "épouse de Jean Baptiste Cabiro".

Le mariage Cormery-Dumont a eu lieu le 14 avril 1841 à Lyon (Rhône). L'époux Julien Cormery (n°20) est natif de Neuillé-Pont-Pierre en Indre-et-Loire et est alors dit soldat musicien au 12ème de ligne en garnison à Lyon; l'épouse elle fabrique des étoffes. Lors du mariage, ils légitiment Mathieu Just Cormery. Veuve en 1855, Elisabeth Dumont épousa le 22 janvier 1857 à Alger Jean Baptiste Cabiro, sergent au premier régiment de zouaves, chevalier de la Légion d'honneur et décoré de la médaille militaire, né en 1809 à Siradan (Hautes-Pyrénées) et fils de Jean Jacques Cabiro et de Jeanne Marie Soulé. Le déplacement de la famille Cormery a eu lieu avant 1846, et après 1841.

 

Des ascendants maternels minorquins.

C'est le samedi 3 octobre 1874 à Kouba (département d'Alger)  que fut célébré le mariage de Etienne Sintes (n°6) et de Catherine Marie Cardona (n°7). Etienne Sintes est né à Alger (département d'Alger) le 21 avril 1850; à son mariage il est qualifié de journalier demeurant à Kouba, et fils de Michel ou Miguel Sintes (n°12), décédé à la campagne Delmat à Kouba le 9 août 1863, et de Margarita Cursach (n°13) qui est domiciliée à Kouba.

Catherine Marie Cardona est née à Saint Louis, Ile Minorque en Espagne, le 25 décembre 1857; elle n'exerce alors aucune profession, et demeure avec ses parents à Kouba, Joseph Cardona (n°14) cultivateur, et de Jeanne Fédélich (n°15). Le mariage ne fut pas précédé d'un contrat mais fut célébré en présence de Raphaël Melia, journalier âgé de 45 ans, oncle du futur, et de Benoît Bagur, journalier âgé de 31 ans, beau-frère du futur, et de deux amis. Raphaël Melia, veuf en premières noces de Jeanne Cursach, a épousé le jeudi 10 août 1871 à Kouba en secondes noces, sa belle-soeur, Margarita Cursach (n°13), elle-même veuve de Michel Sintes (n°12), après l'arrêté du Président du Conseil levant la prohibition de mariage entre beau-frère et belle-soeur. Les mariés étaient accompagnés des deux frères du futur, et de Benoit Bagout (Bagur) journalier âgé de 25 ans, gendre de la future, et de Michel Sureda, journalier âgé de 48 ans, cousin de la future. Margarita Cursach (n°13) est la fille de Antoine ou Antonio Cursach  (n°26) et de Jeanne ou Juana Sureda (n°27). Ils sont tous deux décédés à Kouba le premier le mercredi 25 janvier 1871 dans la maison Duguet, la seconde, le vendredi 3 septembre 1869 aussi dans la maison Duguet. La famille Sintes est arrivée à Alger avant 1850, la famille Cardona, après 1857.

 

De Belleau à Beleoud.

Thérèse Marie Beleoud (n°9), épouse de Claude Camus, est la fille d'un mineur d'Allauch (Bouches-du-Rhône), Jérôme Beleoud (n°18), et de Marie-Rose Rostand (n°19). Jérôme Beleoud (n°18) est né le 21 juin 1778 à Allauch, il a épousé le 26 octobre 1803, selon le calendrier républicain le 3 brumaire an XII, à la mairie du Midi de Marseille Marie Rose Rostand, fille d'un laboureur natif de Valréas (Vaucluse), François Laurent Rostand (n°38), et de Magdelaine Granier. Le père de Jérôme, Antoine Beleoud (n°36), que l'on trouve sous la forme de Beleou, fut boulanger puis cultivateur à Allauch. Né le 24 septembre 1746 au même lieu, il y épousa le 28 février 1775 Anne Roux (n°37), native d'Allauch, fille de Louis Roux (n°74) et de Marguerite Blanc (n°75) mariés le 25 novembre 1744. Les parents d'Antoine, Pierre Beleou (n°72) et Françoise Blanc (n°73) se sont mariés à Allauch le 17 août 1741. C'est à la septième génération que l'on trouve le patronyme sous la forme Bellot puis Belleau. Honoré Bellot (n°144) est qualifié de berger lorsqu'il s'y marie le 29 janvier 1693 avec Anne Camoin.

 

Une espérance de vie faible.

Albert Camus est mort dans un accident de la route, son père, est mort à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor). Ces deux décès prématurés font chuter l'espérance de vie qui va à l'encontre de la normalité, puisque la courbe de la cinquième génération à la première va en diminuant, passant de 60,6 ans à 46 ans. Douze décès sur vingt ont eu lieu avant 60 ans. Quant à la mobilité sociale, il semble que les ascendants d'Albert Camus soient de milieux modestes, dont les conditions de vie devaient être précaires les obligeant à opter pour une émigration. Une fois installés, les familles ont du affronter de nouveaux problèmes qui ont usé les individus prématurément.

 

Bibliographie:

Un point d'histoire littéraire: Albert Camus était-il d'origine alsacienne? Ch. Wolff. Héraldique et Généalogie, 6, 1975 (pages 364 à 366). Compléments pour la lignée Camus par Philippe Amiot. Héraldique et Généalogie, 9, 1977 (page 142). Compléments pour la lignée Beleoud par Georges Reynaud.

Allauch historique - numéro 3, 1986.

Provence Généalogie - numéro 95 - 1er trimestre 1995 (pages 30 et 31).

Mémoire écrite de l'Algérie depuis 1950 de Jeanine De la Hogue et Simone Nerbonne aux Editions Maisonneuve & Larose Paris.

Albert Camus de Herbert R. Lottmann Seuil Paris 1978.

Album Camus de Roger Grenier Pléiade, Gallimard, 1982..

 

Sources:

Archives départementales de l'Ardèche à Privas. Recherches effectuées par Geneviève VIDAL, généalogiste Le Feschet 07200 Vesseaux tel. 04.75.93.82.68.

Archives départementales du Rhône à Lyon. Recherches effectuées par Jean-Bernard Laurent, généalogiste 146 avenue Jean Monnet 69300 Lyon-Caluire tel. 04.78.23.91.85.

Ministère des Affaires Etrangères.

Ascendance d'Albert Camus parue dans Provence Généalogie - numéro 95 1er trimestre 1995.